Si peu de temps semblait avoir passé, depuis cette journée là. Délicieuse journée, le début du rêve et en même temps d'un cauchemar. En ce réveillant ce matin là, il ne lui parut rien de nouveau. Comme si chaque jour se répétait dans une optique de perfection. Dans la seule vision d'un ange, vouant sans le savoir une adoration hérétique à une simple amie. La petite princesse rouvrit sur ce petit monde ses mirettes déjà aveugles. Aujourd'hui elle voyait enfin autre chose que des cendres ou des visions cauchemardesque de paysages incendiés. Seulement ce qu'elle voyait ne pouvait être permis. Pauvre enfant trop crédule, ayant désespérément besoin d'une attache, d'un rêve, elle s'est entichée d'un monstre.

Et pourquoi ? A la juste suite d'une pitoyable action imbécile, un sauvetage presque porté au suicide sur l'onde mortelle. Ainsi sans le comprendre, encore et encore, dans son sommeil comme au doux réveil, son nom si vénérable s'évadait de ses pensées, pour enflammer ses lèvres. Yûki, pourquoi en avoir l'obsession de vision ? Tortueuse pensée qu'elle préférait étouffer chaque matin. Laissant son esprit naïf et volage la noyer dans l'ignorance des imbéciles heureux. Pourtant, une autre démone elle nourrissait une crainte lui écorchant la langue ardente. Mais Natasha demeurait silencieuse, de peur de voir replonger dans la torpeur sa sœur si fragile. Laissant flirter dans la chambre le seul rire malicieux de la rêveuse, la reine rouge se délecter de l'entente de cette merveille enfin ressuscitée des méandre de l'enfer, leur enfer.

*Je te trouve bien matinale ma sœur, tu n'as rien de prévu pourtant.*

« Au contraire aniue, quelque chose me commande d'aller quelque part. »

Elle sembla pressée, se drapant en hâte d'une simple robe longue à bretelles, le toute en dentelle blanche. Le joyau de la couronne s'en trouva dérisoire mais follement coquet à son sens, ce qui la laissa fredonner une comptine idyllique tout durant. Un ravissant pourtant rustique chapeau de paille largue, auquel était noué un ruban carmin vif. A ce salivant mariage de saveurs, elle ajouta des sandales rouges, laissant voir ses orteils rosies. Là voici prête à prendre son envol de l'espérance, alors la blanche colombe s'évade tôt matin de sa cage dorée. Le monde encore bercé par Morphée, les ténèbres pas encore percés des rayons du grand astre diurne. Elle se déporte toute entière au dehors du bâtiment des dortoirs, silencieuse comme un assassin, le pas léger et gracieux. Malgré son rire malicieux qui se faufile dans les couloirs plongés dans la pénombre, elle ne réveille personne. Parvenue au-dehors, une légère brise manque de lui arracher sa couronne de paille. Elle la retint d'une griffe bienveillante, tandis qu'on découvrit un éclair écarlate. Au loin il lui répondit en écho. Elle le sentit paraître avant l'heure.

Comme si la démone de flamme était sensible aux variations de températures, notamment aux sources de chaleurs. Reportant son chapeau pour voiler sa ravissante queue de cheval, véritable crinière de feu, elle accouru vers l'horizon. Au bout de se chemin serait sa radiance, son espérance, aspirant à étreindre le soleil lui-même pour fondre d'extase. Pourtant elle se déporta de sa lumière, toujours pas parue aux confins de la terre. Une enivrante envie frivole la guida au lieu dit du rêve, le petit parc présent dans l'enceinte du lycée. Là même où elle aimait tant venir se ressourcer, s'isoler pour laisser vaquer ses songes plutôt que ses funestes pensées. C'est là qu'elle vint à se laisser choir avec grâce, pour se déposer telle une plume sur un banc en fer blanc. Le monstre de ferraille inanimé demeurait campé face au lointain. Et elle le vit, par delà-les haut feuillages des arbres en fleur, la divine radiance s'élevant. Lui dérobant un sourire angélique. Et un rire porté dans la plénitude la plus totale ...